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Romans impressionnistes

Éditions Sulliver

Je n’ai aucune couleur.
Je ne suis ni blonde ni brune, ni rousse ni noire, ni blanche. Mon type de poil, ou ce qui s’en rapprocherait le plus, est châtain. Encore que, châtain signifie quelque chose, entre blond foncé et auburn avec toutes les nuances possibles. Cela suppose des reflets chevauchant des bruns clairs et sachant raconter des histoires entre ombres et lumières. Mes cheveux à moi, n’ont aucun reflet.
Ma peau est bâtarde. Elle ne noircit pas au bronzage, mais rougit puis dore, comme celle d’une volaille dans un four.
Seulement, au soleil, je n’y vais jamais, et mon séjour permanent entre les artères de la ville me confère à longueur d’années des couleurs d’écorces et de murailles.
Grise.
Sandrine Rotil-Tiefenbach, Grise

Sa naissance c’est comme sa vie. À chercher des yeux et des bras. À passer son temps à ça et jamais pour elle. À entendre la voix qui dit regardez-la prenez-la elle est jolie c’est une fille c’est votre fille. À douter d’appartenir à ne faire partie de rien ni personne à ne pas savoir exister sans regard sans contours de mains. À ne pas savoir. À n’avoir pas de forme. Personne ne la dessine. À n’être dans aucun œil. Et son prénom qui n’est pas dit. Ne pas exister. Ne naître jamais jamais. N’être jamais au monde.
Rozenn Guilcher, La fille dévastée

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